19 rue du bœuf

Lyon Rhône

Un projet exemplaire de restauration du patrimoine lyonnais

À l’origine du projet, en 2022, nous faisons un constat d’état, valable pour de nombreux immeubles. La dernière restauration des façades date de la décennie 1970. Cinq décennies plus tard, les façades se trouvent fortement encrassées. La cour intérieure, elle, apparait ternie et peu lisible malgré des dispositions architecturales remarquables : les éléments en pierre de taille se dégradent, des fissures apparaissent et le ciment, présent en masse, est à l’origine de nombreuses pathologies, dont d’importantes remontées d’humidité.

Cet édifice constitue l’un des exemples les plus complets et les plus remarquables de l’architecture de style gothique tardif du Vieux-Lyon. Dans la cour sont préservées deux tourelles remarquables, témoins rares de la Renaissance à Lyon. L’une, sur trompe, n’est pas sans rappeler celles conçues par Philibert de l’Orme au 8 rue Juiverie. L’autre, sur cul-de-lampe, repose sur un encorbellement en forme de pyramide inversée.

À l’issue d’une année complète de travaux, menée par l’entreprise Jacquet et bénéficiant d’une fouille archéologique menée par le Service Archéologique de la Ville de Lyon, l’édifice a été entièrement purgé des enduits précédents, pour être revêtu d’un enduit traditionnel à la chaux naturelle, et d’un badigeon de finition dont la teinte a été formulée sur place. La teinte rosé-clair des façades extérieures perpétue la dernière strate connue – en l’absence de traces d’anciennes teintes – et s’harmonise avec l’alternance des façades ocre et rosé qui anime aujourd’hui la rue du Bœuf. Par ailleurs, la teinte vert-de-gris foncé, retenue pour les menuiseries, s’associe harmonieusement aussi bien avec l’enduit qu’avec la pierre dorée. Pour l’allée et la cour intérieure, plusieurs vestiges d’enduits anciens, d’un ton clair – qualifié de « coquille d’œuf » – ont été retrouvés.Le parti pris d’intervention a ainsi évolué au cours du chantier, aboutissant au choix d’une teinte de badigeon très claire pour la cour intérieure.

Malgré les défis liés aux désordres structurels et aux déformations anciennes, les choix esthétiques et techniques — mûrement discutés avec la DRAC et à l’appui d’une importante campagne d’archéologie préventive qui a été riche en découvertes — ont permis une restitution équilibrée, lumineuse et fidèle à l’histoire du lieu.

Au cœur du Vieux-Lyon, la copropriété du 19 rue du Bœuf renaît après une restauration ambitieuse de ses parties communes. Un chantier complexe d’un an, en site occupé, qui redonne toute sa superbe à un édifice emblématique de l’architecture gothique tardive.

📸 Noémie Vilain Perini